samedi, mai 21, 2005
KATMANDU
Katmandu est sous le brouillard, comme presque tous les matins.
Mon avion s'y reprendra à deux fois pour réussir son atterissage...
Moment de calme dans le quartier touristique, on paye une fortune aux standards népalais pour entrer et voir quelques temples un peu poussièreux. Le reste de la ville est très bruyant, les népalais qui disposent d'une voiture foncent dans le trafic et dans la foule des rues piètonnes en klaxonnant en permanence...
Nous ne sommes que deux, mon ami Jean-Maurice (qui regarde perplexe un homme chargé d'un gros ballot) et moi-même. Jean-Maurice est déja venu plusieurs fois a Népal, alors que pour moi c'est une première. Jean-Maurice a contacté une agence locale par mail depuis Séoul où il habite, afin de réserver un guide et un porteur. Le prix sera de 17 dollars par jour plus les pourboires. Bientôt le grand départ vers la vallée du Kumbu et le Trekking du camp de base de l'Everest.
Couleurs de Kathmandu.
La ville d'un million d'habitants est nichée dans une cuvette entourée de hautes montagnes. Comme à Mexico la pollution industrielle et automobile ne s'évacue pas, l'air y est donc très pollué.
A Katmandu le mobile ne fonctionne plus, cela fait partie des mesures prises par le roi pour empêcher les guerilleros maos de se coordonner. L'armée est partout.
TREKKING DU KUMBU
C'est parti!
Un petit avion nous transporte de Katmandu jusqu'à Lukla au début du trekking. Nous sommes à 2800 m d'altitude, il fait bon, c'est le printemps...
La vallée est habitée par le peuple Sherpa, et parsemée de nombreux petits villages ou nous trouverons des Lodges pour dormir, manger et boire un thé ou un coca. Les Sherpas ne parlent pas Népalais mais leur propre langue. Ils forment un peuple chaleureux, entreprenant et commerçant, apparemment préservé des troubles suscités par la guérilla maoiste dans le reste du Népal.
Tout au long du chemin nous rencontrerons régulièrement des Chortens ou Stupas, momuments bouddistes que nous nous appliquons à toujours contourner par la gauche comme il convient de le faire.
Les ponts qui traversent la rivière doivent être capables de supporter des charges très lourdes, comme un troupeau de Yacks...Tous ne sont pas encore refaits en métal comme celui-ci, plus haut nous rencontrerons des ponts de bois aux planches partiellement arrachées.
Les porteurs Sherpas ont réputés mondialement grâce à l'aide qu'ils apportent (pour 1 à 3 dollars par jour) aux expéditions à l'Everest. Dans la vallée du Kumbu il n'y a ni route ni voiture, tous les échanges se font à dos d'homme ou de Yack. Les deux - yack et homme- portent un poids comparable, entre cinquante et soixante kilos en général. Mais certains porteurs peuvent porter beaucoup plus, j'ai pris discrètement une photo d'un homme transportant un poèle en fonte, poids estimé 120 kg!!!
Le porteur qui nous accompagne est moins chargé: nos bagages pèsent trente kilos.
Les choses sérieuses commencent, nous quittons la vallée basse pour commencer à monter vers Nanche Bazar, la capitale des Sherpas.
L'accès de Namche Bazar (3440 m d'altitude) est gardé par une porte consacrée. Havre de paix et de confort idéalement situé entre la basse vallée et les hauteurs, Namche est un peu le petit Chamonix local.
Spendides façades des maisons à Namche. On trouve de tout à Namche: hotels confortables avec douches chaudes (nous apprécions l'hotel Camp de base), patisserie excellente, cafés, billards, librairie bourrée de livres de montagne en anglais et et français, sans oublier les échoppes qui vendent tout l'équipement de montagne possible et imaginable. Comme à Katmandu les copies chinoises de vêtements North Face, d'excellente qualité, sont partout en devanture. Namche est ses environs ont également l'électricité et l'eau courante, grâce à une mini centrale hydro-électrique.
Namche vue de dessus, l'harmonie des toits bleus et verts est saisissante. Ces toits autrefois en ardoise sont désormais en tôle peinte mais le résultat est franchement esthètique!
jeudi, mai 19, 2005
Nous quittons Namche, au loin on aperçoit déja l'Amadablan sur la droite, et à gauche dans les nuages l'Everest et le Lhotse.
Nous sommes à 4000 m,je me mets au Diamox après Jean-Maurice qui en prend depuis le départ. Nous prenons 2 fois 125 g par jour de ce médicament miracle contre le mal des montagnes. Avec le Diamox le sang se charge en CO2 et cela accélère automatiquement la respiration, ce qui est bien utile dans un air qui manque d'oxygène. Nous compètons le Diamox par de délicieuses soupes à l'ail chaque soir, l'ail est réputé bénéfique pour l'altitude.
Depuis le départ du trekking nous veillons à monter très progressivement, en général de 300 à 400 m de dénivellée seulement par jour, ou plutôt par nuit, car nous montons chaque jour quelques centaines de mètres supplémentaires au dessus du Lodge que nous avons choisi avant de redescendre pour y dormir. Cette manière de faire favorise une bonne acclimatation et évite les maux de tête et risques d'oedèmes liés à l'altitude.
L'hotel Everest View situé à 3800 m, juste au-dessus de Namche, offre une terrasse magnifique et une vue imprenable sur les sommets.
Le village de Khumjung situé au dessus de Namche est une merveille de calme et de beauté. Sir Edmond Hillary, le premier vainqueur de l'Everest, s'est pris d'un coup de coeur pour ses habitants et finance école et équipements colllectifs. Ici aussi se trouvent des Lodges dont certains portent des noms étranges.
L'Amadablan (6856 m), l'une des plus belles montagnes du Monde. Tout au long des journées de marche nous le verrons sous presque tous les angles, par toutes les lumières, et toujours sa personalité étonne et irradie.
Le Thanserku apparait à travers les nuages...le ciel se couvre tous les après-midis, en même temps qu'un vent fort se lève...
Les yacks sont des êtres imprévisibles, mieux vaut s'en écarter. J'ai assisté à une rencontre dans un chemin étroit entre deux troupeaux incapables de se croiser. Ils sont devenus instantanément comme fous: l'un m'a foncé dessus, un autre a déboulé dans la cuisine d'une petit maison voisine, un troisième est monté sur le mur de pierre et l'a quasiment détruit!
Les drapeaux de prière sont partout, sur les stupas, sur les ponts, sur les roches et les montagnes...
Le monastère de Tiengboche (3930 m) serait le plus important monastère bouddiste en dehors du Tibet. Le culte pratiqué est teinté d'animisme -pour les sherpas de nombreuses montagnes sont sacrées, dont le Chomolungma (l'Everest). Dans ce monastère nous assisterons à une cérémonie impressionnante, alternant prières, musique, gong et cor tibétain, thé et petits gateaux!
Les femmes portent comme les hommes. On porte tout: matériaux de construction, nourriture, matériel pour les expéditions, foin...
Orsho, un lodge bien sympathique. Le prix des Lodges varie en fonction de l'altitude, de 100 roupies par nuit en bas comme ici à Orsho(soit à peine plus d'un euro) à 300 roupies tout en haut à Lobuche. Le confort évolue malheureusement en sens inverse du prix!
Lobuche (4910 m). Nous n'y dormirons qu'une nuit, pénible à cause des difficultés de respiration et du froid -moins 5° dans la chambre. Le matin suivant nous partons à 4h pour Kala Patthar que nous atteindrons au lever du soleil, puis nous redescendrons tout en bas à Dingboche.
Un stupa très 'philosophe' nous regarde monter au-dessus de Dingboche, en direction de Dughla. Nous ferons de Dingboche (4410 m) notre camp de base pour préparer l'ascension jusqu'à Kala Patthar (5500 m), ce point de vue sur l'Everest qui est notre principal objectif. Nous redescendrons ensuite à Dingboche pour reprendre des forces et surtout de l'oxygène. Dingboche a l'avantage d'être à moins de 4500 m, ce qui permet de dormir correctement. Puis nous remonterons vers la Chola Pass (5330 m) pour rejoindre la vallée de Gokio.
Intérieur d'un logde typique, tout le monde se rassemble autour du poèle, trekkeurs, grimpeurs, aventuriers de tout poil, les discussions vont bon train.
Promenade du soir au-dessus de Lobuche, la vue sur le glacier du Kumbu, le Pumori et le Nupse est grandiose.
Le Pumori encore mais cette fois de très très près. Le point de vue de Kala Patthar que nous atteignons est quasiment adossé au Pumori, nous avons le sentiment de pouvoir toucher ses pentes!
Pumori (7165 m). Quelques jours auparavant deux coréens ont glissé et sont morts. Mais c'est peu de choses par rapport au score morbide de l'Everest qui retient sur ses flancs plusieurs centaines de cadavres...brrr! nous sommes mieux en bas, à lire et relire 'Tragédie à l'Everest'.
Kala Patthar (5500 m). Nous voyons les centaines de tentes du camp de base en contrebas mais nous n'y irons pas, cela nécessiterait 3 heures de marche supplémentaires et nous voulons redescendre jusqu'à Dingboche dans la journée. Rien de perdu pour la vue en tout cas.
Et le point de vue sur l'Everest tant attendu! L'émotion est énorme, les larmes me viennent spontanément aux yeux et je ne peux plus rien faire d'autre que regarder, regarder...essayer de retenir cette image pour toujours.
Le glacier du Kumbu qui prend sa source sur les pentes de l'Everest et descend loin dans la vallée. On remarque l'Amadablan sur la gauche, et à droite le Kantega, le Tamcherku et le Kumsum Kanguru, qui était la première montagne enneigée aperçue au tout début du trek.